Le sdijuno et les habitudes des centenaires des Abruzzes, ses bienfaits sur la longévité, observés dans une étude

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Les secrets de la longévité

Augmentation de l’espérance de vie

Selon l’OMS, on devrait passer de 900 millions de personnes âgées de plus de 60 ans aujourd’hui à plus 2 milliards en 2050. Les centenaires passeraient de 573 000 en 2020 à 19 Millions d’ici 2100. Des épidémies comme le Covid pourraient malheureusement modifier ces prévisions.

Mais le vieillissement est associé à

– une fragilité musculaire et osseuse

– une altération de la fonction rénale et hépatique

– une perte de fonctionnalité cardiovasculaire

– une baisse des défenses immunitaires.

L’impact de l’alimentation

L’alimentation a été identifiée comme pouvant avoir un impact significatif sur la longévité et sur l’état de santé des personnes âgées.

Les zones bleues, sont des zones dans lesquelles le nombre de personnes très âgées est particulièrement important. Une étude s’était penchée sur la région de Nuoro, au cœur de la Sardaigne. En Sardaigne, si les considérations génétiques liées à l’isolement ont été privilégiées dans un 1er temps, l’impact de l’alimentation est aujourd’hui considéré.

Une autre étude, que cet article vous présente, s’est intéressée à la Région de l’Aquila dans les Abruzzes. Cette région est connue pour avoir subi un terrible tremblement de terre en 2019.

L’étude a été menée par trois scientifiques de l’Université de Teramo (Département sciences biologiques et de la technologie pour l’alimentation, l’agriculture et l’environnement

La longévité dans les Abruzzes

La région des Abruzzes, située au centre de l’Italie, figure parmi les premières régions d’Italie pour le nombre de personnes de plus de 90 ans (les nonagénaires) et de centenaires.

La province de L’Aquila présente un taux de nonagénaires élevé et une proportion de centenaires supérieure de 50% à la moyenne italienne.

68 personnes ont fait partie de l’étude (46 femmes et 22 hommes, 46 âgés de 90 à 99 ans, et 22 centenaires). Presque toutes ces personnes avaient été physiquement actives tout au long de leur vie, et la plupart d’entre elles étaient encore actives au moment de l’entretien.

Cette étude a des limites puisqu’elle se base sur une enquête rétrospective. Les personnes sélectionnées bénéficiaient d’une bonne santé mentale. Mais un biais relatif à la qualité du souvenir et à la capacité à synthétiser des habitudes alimentaires existe sans doute.

Le « sdijuno »

« Digiunare » signifie en italien jeûner. Le « Sdijuno » est une pratique des régions montagneuses des Abruzzes. Le sdijuno des Abruzzes a toujours existé. C’est un repas copieux consommé en milieu de matinée (vers 10h30-11h00), traditionnellement consommé à l’extérieur, aux champs, à base de produits locaux simples. Il est précédé d’une très légère collation au réveil et est suivi d’un dîner léger. Son nom de Sdijuno, lui vient du fait qu’il est capable de laisser le corps à jeun pendant plusieurs heures, jusqu’au soir. Un rituel du passé qui persiste encore aujourd’hui chez les personnes âgées.

150 municipalités rurales ont dans la région un taux de longévité élevé. Elles sont situées dans les zones reculées, à proximité magnifiques parcs naturels (Gran Sasso, Maïella et Marsica). Les rythmes lents de la vie d’antan existent toujours et dans les villages où le temps s’est arrêté, les personnes âgées continuent de pratiquer le Sdijuno, un repas riche en milieu de matinée et un dîner léger.

L’intérêt d’une restriction calorique nocturne

Cette habitude ancestrale s’inscrit parfaitement dans la lignée de recherches scientifiques récentes, qui ont mis en évidence l’importance de concentrer les repas de la journée, et de limiter les apports caloriques le soir, lorsque le métabolisme commence à ralentir pour la nuit.

Cette étude a essayé de mieux comprendre l’impact de l’heure des repas ainsi que l’alimentation pratiquée par les nonagénaires et les centenaires de la région des Abruzzes.

90% des personnes étudiées ont indiqué avoir adhéré à la pratique du Sdijuno.

Que mangent ces centenaires et nonagénaires ?

En matière d’alimentation ont été estimées le nombre de fois par semaine où étaient consommés différents types d’aliments :

– plus de 6 fois des céréales par semaine, principalement des pâtes

– 4 à 6 fois des légumineuses

– 4 à 7 fois des légumes

– 4 à 7 fois des fruits

– 4 à 5 fois des produits laitiers, plutôt de brebis

– 1 à 2 fois de la viande

– 1 à 2 fois des oeufs

– 1 fois du poisson

– presque jamais de produits sucrés

Des résultats très similaires entre les nonagénaires et les centenaires.

Mais que mange-t-on dans les Abruzzes et tout particulièrement pour le Sdijuno ?

Le déjeuner, principal repas de la journée, consommé pendant les activités de travail, consiste en des recettes maison à base d’œufs ou de pâtes de blé avec des légumes ou de la polenta et des soupes faites de lentilles, de haricots secs, de pois chiches et d’un peu de viande.

On y mange aussi pain et huile d’olive, fromage, saucisson et petites pizzas (souvent de maïs).

Mais aussi parfois des œufs en sauce ou des omelettes.

Le dîner est à base de légumes cuits ou de soupes ou de polenta et de quelques autres produits d’origine animale, c’est-à-dire du propre fromage pecorino, de la ricotta de brebis.

La consommation de sucre est proche de zéro, avec des sucreries ou des gâteaux consommés uniquement lors des fêtes.

En matière d’assaisonnement, comme dans l’étude sur la Sardaigne, les graisses d’origine animale étaient plus utilisées que l’huile d’olive extra vierge, utilisée par 35 % d’entre eux. Le saindoux était régulièrement consommé. Pas mal de romarin, d’ail, d’oignon, de piment, de persil et de basilic pour assaisonner. L’impact bénéfique de l’huile d’olive a été démontré par de nombreuses études mais ces régions n’en bénéficiaient que marginalement. On retrouve là le paradoxe français et l’impact bénéfique potentiel de certains vins rouges régionaux.

Les repas étaient préparés dans l’immense majorité à la maison à partir de produits locaux. Pas étonnant dans ces zones assez isolées.

A quelle heure convient-il de manger ?

A quelle heure manger

Le dîner, était composé de soupes de légumes, de polenta, de légumes, d’œufs ou de fromage. Pris assez tôt en moyenne à 19h13 !

La légère collation du matin à 6h18, salée avec des restes du dîner, du lait et du pain, ou une tranche de pain avec du jambon. Environ 200 à300 kcal.

D’autres études ont montré qu’un dîner tardif était associé à une incidence accrue d’accident vasculaire cérébral et d’insuffisance cardiaque.

Chez des diabétiques japonais ont été mesurées des glycémie et taux d’insuline après le repas plus faibles si le repas principal était pris à 18h, plutôt qu’à 21h.

Le métabolisme nocturne est différent du métabolisme diurne.et des dîners tardifs perturbent le métabolisme.

Un dîner tôt provoque un stress nocturne minime, tout comme un apport calorique limité au petit déjeuner. Une période de longue restriction calorique quotidienne pourrait permettre au métabolisme et au système immunitaire de minimiser efficacement le stress induit par le repas principal de la journée. Le microbiote intestinal bénéficierait aussi de cette alternance.

Ce type d’alimentation, peut avoir impacté positivement à la fois le taux de glycémie et le métabolisme des graisses, jouant un rôle important dans la longévité des personnes étudiées.

Le niveau élevé d’activité physique de la plupart des nonagénaires et des centenaires a été élevé et est encore souvent réel. Cet élément a aussi bien sûr aussi un impact positif.

Voici le détail de l’étude en anglais.

https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnut.2022.863106/full#:~:text=10.3389%2Ffnut.2022.863106-,Early%20Dinner%20Time%20and%20Caloric%20Restriction%20Lapse%20Contribute%20to%20the,Region%3A%20A%20Cross%2DSectional%20Study&text=Recent%20findings%20showed%20the%20role,of%20meal%20timing%20for%20health.

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