Des études sur l’homme ou sur des animaux se penchent sur l’importance du moment où l’on mange dans la journée.
Une équipe de chercheurs de l’Université du Wisconsin-Madison, publiée fin 2021, a voulu comprendre l’importance relative du jeune et de la restriction calorique.
En effet dans les études sur les régimes hypocaloriques, les souris sont souvent à jeun une grande partie de la journée. Mais l’effet de chacun de ces deux éléments ne sont pas dissociés. L’étude s’est intéressée aux bénéfices séparés de chacun d’eux.
Une étude sur des souris mâles montre l’importance du jeûne (Dudley Lamming, chercheur en métabolisme à l’Université du Wisconsin). Pour les souris femelles l’analyse de leur métabolisme a montré des évolutions similaires.
Qu’est-ce qui est plus important moins manger, jeûner ou la combinaison des deux.
Tous les régimes ainsi que beaucoup de conseils en matière d’alimentation et de santé sont basés sur les effets de la restriction calorique. Moins manger, absorber moins de calories. Chez les souris, la conséquence de cette restriction calorique sont logiquement un poids plus faible. Mais aussi un meilleur contrôle de la glycémie et une durée de vie plus longue.
À leur surprise les chercheurs ont découvert que les souris qui jeûnaient sans être soumises à une restriction calorique vivaient plus longtemps et en meilleure santé que les souris soumises à une restriction calorique.
Le jeûne seul sans restriction calorique peut améliorer la glycémie et le métabolisme du foie.
Quatre régimes comparés dans cette étude
L’effet de quatre régimes différents pour les souris a été observé.
1er groupe : pas de contraintes ni sur la quantité ni sur le moment de la journée auquel on s’alimente.
2ème groupe : long jeûne dans la journée (21 heures) sans restriction calorique.
3ème groupe : 30 % de calories en moins consommées en une seule fois.
4ème groupe : 30 % de calories en moins consommées régulièrement pendant toute la journée.
Le seul jeune très bénéfique
Étonnamment le seul jeûne, sans restriction calorique, est aussi efficace que la restriction calorique avec jeûne. La sensibilité à l’insuline est améliorée. Bien sûr, le corps mobilise plus les graisses comme source d’énergie. Les foies à jeun des souris du 2ème groupe ont montré les caractéristiques d’un métabolisme plus sain.
Le jeune permet un meilleur contrôle de la glycémie, une utilisation plus saine des graisses pour l’énergie mais aussi une protection contre la fragilité dans la vieillesse et une durée de vie plus longue.
Les souris qui mangeaient moins de calories sans jeûner (4ème groupe) n’ont pas vu ces mêmes changements positifs. Ces souris mangeant moins de calories sans jamais jeûner ont un meilleur contrôle de la glycémie, mais meurent aussi plus jeunes. «En plus de leur durée de vie plus courte, ces souris étaient moins bien pour certains aspects de la fragilité, mais meilleures dans d’autres. Donc, dans l’ensemble, leur fragilité n’a pas beaucoup changé, mais elles n’avaient pas l’air en aussi bonne santé.”
Le seul jeune aussi efficace que jeune et restriction calorique combinés
Les souris combinant restriction calorique et jeûne vivent 8 mois de plus que celles qui ne font que moins manger. Elles avaient aussi l’air en meilleure santé. Mais le seul jeûne, sans restriction calorique, est aussi efficace que la restriction calorique avec jeûne.
Une surprise pour les chercheurs et une question posée au business tournant autour de la restriction calorique !
« C’était assez surprenant », dit Lamming, bien que d’autres études aient également montré certains effets négatifs de la restriction calorique. « Si le jeûne est le principal moteur de la santé, nous devrions étudier les médicaments ou les interventions diététiques qui imitent le jeûne plutôt que ceux qui imitent les effets de moins de calories. »
Et après ?
Lamming explique que restreindre chez les hommes la prise alimentaire à une fenêtre de quatre à huit heures dans la journée semble avoir certains avantages. Les conséquences à long terme restent inconnues.
« Nous ne connaissons toujours pas le meilleur moment de la journée pour jeûner, si différentes personnes réagissent différemment au jeûne ou à une alimentation limitée dans le temps ».
Hommes et souris assimilent les aliments avec des vitesses très différentes. La période de jeune imposée aux souris dans cette étude serait de plusieurs jours si elle était transposée aux hommes.
Mais différents éléments tendent à montrer l’importance du jeune, comme cette étude sur les centenaires de Abruzzes en Italie.